13 Juin 2020
Le commentaire de croire Paroisses des textes de ce jour
1. “L’homme ne vit pas seulement de pain”. Tel fut, selon la première lecture, le message inhérent au don merveilleux de la manne dans le désert. Or le lectionnaire liturgique n’a pas choisi le récit classique de l’événement, au chapitre 16 de l’Exode. Il nous propose aujourd’hui un extrait du second discours-fleuve que le Deutéronome prête à Moïse en guise d’introduction au Code des lois (chap 12 à 26). Il s’agit d’une sorte de relecture spirituelle de l’épreuve du désert. Cette longue et pénible traversée, Dieu l’a imposée au peuple hébreu pour lui apprendre la pauvreté. Se décentrer de soi, subir la morsure de la faim et de la soif, accueillir comme un don du ciel ce qui fait vivre jour après jour, attendre de la parole d’autrui - et d’abord de la parole de Dieu - la nourriture qui rend des forces : voilà qui manifeste ce que chacun “a dans le cœur”.
2. C’est sur cette toile de fond que se détache l’enseignement de Jésus dans l’évangile de Jean. “Ce pain, dit-il en parlant de lui-même, n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts, mais celui qui mange ce pain vivra pour l’éternité”. La vraie nourriture est désormais la parole de Dieu faite homme en Jésus. Pain de Dieu offert aux hommes, celui-ci se donne “pour que le monde ait la vie”, ce qui signifie qu’il fait vivre au moyen du don de soi. La nourriture est d’abord faite pour être partagée, et il n’est de “pain vivant” que rompu et donné. Jésus ne se contente pas de multiplier les pains pour nourrir une foule affamée ; il se donne lui-même en partageant ce qu’il dit, ce qu’il a et ce qu’il est.
3. Avons-nous faim d’une telle exigence de partage? Sommes-nous prêts à nous laisser “manger” pour que d’autres vivent et s’épanouissent ? Jésus, qui est venu pour servir et non pour se faire servir, est allé jusqu’au bout de sa condition de Serviteur en se faisant “nourriture” pour nous. Nous vivrons éternellement si nous “mangeons de ce pain-là”. Ce pain-là, c’est la parole vivante de Dieu qui nous envoie dans le monde à la suite de son Fils; c’est aussi le corps du Christ que nous recevons à la communion et que nous sommes appelés à édifier. Nous devons sans cesse nous demander si le partage eucharistique se traduit, dans nos comportements quotidiens, par un surcroît de partage fraternel.
1e lecture : Dt 8,2-16
Assurément, Dieu est un père pour son peuple. Depuis le temps de Moïse, il se fait connaître ainsi : par de multiples dons, il a nourri ce peuple, par la manne et l’eau, mais surtout par sa Parole.
Le Deutéronome est une longue méditation sur l’histoire des relations de Dieu avec son peuple, depuis la sortie d’Égypte jusqu’à l’arrivée en terre promise, en passant évidemment par les quarante ans au désert. Le prophète interprète les nombreuses péripéties de cette longue marche et voit dans les difficultés du parcours des mises à l’épreuve.
Mais cet extrait a été choisi pour la fête de l’Eucharistie parce qu’il résume en quelques mots toute l’action paternelle de Dieu. Si la première mission des parents est de nourrir à tous points de vue les enfants auxquels ils ont transmis la vie, on peut vraiment dire que Dieu est un père pour son peuple. C’est dans cet extrait que se trouve la célèbre phrase par laquelle Jésus a répliqué au tentateur (1er dimanche de Carême) : le vrai pain de Dieu, c’est sa Parole, par laquelle il établit avec nous une relation de connaissance personnelle.
2 lecture : 1 Co 10,16-17
Rien de tel qu’un repas pour réunir des amis, souder les membres d’une famille ou d’une association. C’est ce que le Christ fait pour nous, jusqu’à nous incorporer ainsi à lui.
Même sous leurs formes les plus simples, les repas sont une des principales occasions de communication: prendre un verre ensemble, ou simplement un café, se retrouver à midi ou le soir, s’inviter, etc. Or Dieu a privilégié ce moyen de rencontre pour se communiquer, jusqu’à se donner lui-même, en Jésus : c’est ce que signifient les mots corps et sang, l’être vivant. L’apôtre poursuit en expliquant tout ce que peut signifier le pain rompu et partagé, comme manifestation de l’unité du Christ avec nous et l’unité des chrétiens entre eux.
Nous retrouvons dans ces phrases le vocabulaire de nos prières eucharistiques : bénir et rendre grâce.
Evangile : Jn 6,51-58
Dieu va jusqu’à nous offrir la communion à sa propre vie, ici, dans l’eucharistie. La manne au désert n’en était encore qu’une annonce. Jésus nous montre en quoi consiste le vrai pain du ciel.
Dans la pensée juive de l’époque, l’homme était considéré comme fait de chair et d’esprit. La chair représentait l’élément faible et fragile du composé humain; celui-ci se désagrège lorsque l’homme rend le souffle, ou l’esprit, en mourant. Or, voici que Jésus promet sa propre chair en nourriture, et c’est le seul remède pour avoir la vie. Cette annonce avait de quoi heurter. Mais Jésus révèle que sa chair est force de vie. La résurrection à Pâques l’a manifesté.
Ce message établit clairement le lien entre le Pain vivant et la résurrection, l’eucharistie est le Pain de Pâques, il vivifie notre chair mortelle. La comparaison avec la manne, qui était pourtant venue du ciel, renforce encore la promesse de Jésus : lui, il donne plus que la manne, il est le Pain du ciel.
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