22 Août 2020
21è dimanche du temps ordinaire
Dans l’évangile de ce dimanche comme dans la première lecture, des hommes choisis se voient remettre un “pouvoir des clés”, symbole de la mission et des responsabilités qui leur sont confiées.
“Ma vie a commencé vraiment le jour où je t’ai rencontrée !” Cette “profession d’amour” de Louis Aragon à Elsa Triolet dit l’importance que peut prendre une rencontre ou un appel dans le destin d’une vie… “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église” : par cette parole fondatrice, Jésus inscrit Simon dans un nouveau destin.
Un choix gratuit
Pourquoi ce choix de Simon ? Il est un simple artisan pêcheur ; il est impulsif de nature ; il va renier Jésus pendant la Passion !
Dieu “voit le cœur” (1 Samuel 16, 7). Il ne pose pas son regard sur celui que nous mettrions en avant ; il se tourne vers le petit, l’inattendu, l’oublié… Ainsi David, François, Bernadette et tant d’autres. Le choix par Dieu ne se mérite pas. Il prend des êtres fragiles et imparfaits pour en faire comme des “piquets qu’on enfonce dans un sol ferme”, selon l’expression d’Isaïe… “Pourquoi m’as-tu choisi, Seigneur ?” Nous nous posons peut-être cette question. La réponse est dans l’amour “insondable” que Dieu nous porte.
Un choix en confiance
Jésus n’a pas dicté à Pierre le détail de ce qu’il aurait à faire. Il lui remet, symboliquement, les “clés” du Royaume… Confier son trousseau de clés à quelqu’un, c’est lui faire une totale confiance. Dieu n’est ni mesquin ni tatillon. Pierre ne sera pas qu’un exécutant ou un transmetteur d’ordres. Sous la poussée de l’Esprit il conduira l’Église.
Avons-nous mesuré suffisamment la confiance que Dieu nous témoigne ? Ne soyons pas des “manœuvres” passifs et timorés ! Ne nous comportons pas en “concierges” de portes verrouillées ! Les “clés” sont aussi faites pour ouvrir. Osons faire du neuf !
Du reste, l’engagement n’est pas à sens unique. Jésus ne dit pas à Pierre : “Tu bâtiras”, mais “Je bâtirai”. Le Christ est à l’œuvre aux côtés des siens : l’Église est son chantier.
Un choix qui grandit
Pierre, tirant son filet, pouvait-il imaginer qu’il haranguerait la foule cosmopolite le matin de Pentecôte, qu’il implanterait l’Église à Rome et qu’il témoignerait jusqu’au don total sur la colline du Vatican ? Jean-Paul II, jeune ouvrier polonais, est devenu successeur de Pierre et a marqué profondément l’Église et l’histoire de ce temps.
Nous connaissons tous des personnes que les responsabilités ont complètement transcendées. La réponse à l’appel de Dieu grandit celui qui y investit sa vie. Paul s’en émerveillait : “Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu!"
1e lecture : Is 22, 19-23
Le pouvoir des clés signifiait, dans les populations bibliques, l’autorité reçue en délégation par un maître.
À quoi reconnaît-on les représentations de saint Pierre ? Aux clés, bien sûr ! La tradition populaire de nos campagnes y voyait surtout l’ouverture et la fermeture des vannes célestes, pour faire la pluie et le beau temps ! Mais dans les traditions bibliques, le pouvoir des clés est un peu plus diversifié. Dans cette lecture, il s’agit de la charge du gouverneur, chef de la maison royale à Jérusalem, qui avait autorité pour l’ouverture et la fermeture des portes du palais. Le prophète signifie à un mauvais gouverneur, Shebna, son remplacement par Éliakim. Cet extrait a été choisi, évidemment, en fonction de l’évangile de ce dimanche.
2e lecture : Rm 11, 33-36
L’apôtre Paul nous entraîne dans son admiration devant l’oeuvre de Dieu et nous transmet des acclamations pour la prière.
Ces quelques phrases sont la conclusion de l’exposé de saint Paul sur le comportement des deux peuples, Israël et les païens, l’espérance d’une conversion des deux et l’annonce du salut universel. C’est un cri de profonde admiration devant l’œuvre de Dieu, accomplie par Jésus, pour rassembler l’humanité divisée et la reconstituer en un seul Peuple. L’apôtre proclame à la fois l’immense sagesse de Dieu, qui a manifesté sa volonté de salut, et la gratuité sans limite de ses dons. Ce cri d’admiration intègre des emprunts à Job 15,8 et Isaïe 40,13. Certaines de ses expressions ont été intégrées dans la prière liturgique (“par lui,…”).
Evangile : Mt 16, 13-20
Dans la suite des initiatives prises par Jésus pour instituer son peuple, qui est son Église, en établissant des apôtres, des prophètes et des pasteurs, voici la mission confiée à Simon-Pierre.
Pour établir son Église Jésus réunit d’abord un groupe de disciples, les Douze. Mais qu’est-ce qu’un disciple du Christ ? Les lectures du Nouveau Testament nous l’expliquent en diverses occasions : dans l’appel des apôtres (“Viens, suis-moi”), dans l’élection de Matthias (Actes 1,21-22), dans les rencontres du Ressuscité et dans la mission de Pierre, rapportée ici. Le disciple professe sa foi au Christ : “Tu es le Messie…”. Mais pour cela, il a lui-même reçu la révélation du Père, celle qui nous est communiquée de dimanche en dimanche par les proclamations des lectures bibliques. Le disciple est envoyé en mission et l’apôtre Pierre est établi dans une responsabilité particulière, signifiée par l’évocation des clés. Pourtant, dans l’épisode de la marche sur les eaux, Pierre s’était révélé peu fiable. La mission lui est confiée malgré sa faiblesse, comme c’est si souvent le cas dans la Bible. Dans l’évangile du 23e dimanche du temps ordinaire, il sera à nouveau question de la mission, avec la fonction de lier-délier, mais confiée à l’ensemble des disciples.
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