13 Juin 2021
Dans l’évangile de Marc 4,26-34 proclamé le 11e dimanche du temps ordinaire, année B, le 13 juin 2021, Jésus définit comme sa famille ceux qui font “la volonté de Dieu”. Il prononce maintenant pour eux le discours en paraboles.
Jésus s’était présenté d’emblée comme le messager du règne de Dieu (Marc 1, 14-15). Les paraboles révèlent maintenant à la foule et aux disciples ce qu’est ce Règne qui doit animer leur espérance. Notre extrait liturgique ne retient que la fin du discours.
On parle toujours du Règne de Dieu comme d’une réalité “qui ressemble à autre chose”. Ce mystère est d’abord celui de Dieu qui vient régner sur ceux qui l’accueillent, pour leur bonheur. Il englobe aussi la personne de Jésus dont les paroles et les miracles introduisent dans l’histoire les bienfaits de Dieu. Il est enfin le Royaume, cette part de l’humanité qui vit à l’écoute du message de Dieu.
D’abord Jésus s’adresse à des disciples découragés par l’échec apparent de sa mission. La parabole joue sur l’expérience du cultivateur. Une fois qu’il s’est appliqué aux semailles, il doit faire confiance à un processus de vie qui s’accomplit “il ne sait comment”, mais réellement. La germination, la croissance, le mûrissement, tout lui échappe.Mais il y a bel et bien “le temps de la moisson”. S’il y a un jeu de mots dans la langue sémitique, entre “qaïs” et “qés”, on peut comprendre aussi “le temps de la Fin”. Nous nous confions en la puissance cachée du Père qui conduira à terme ce qu’il a commencé dans la mission de son Fils.
La deuxième parabole recourt de nouveau à une expérience simple. Souvent les réalités les plus grandes ont pour origine une cause infime. Il en va ainsi des humbles débuts de la mission de Jésus. Ils sont sans proportion avec le succès à venir du règne de Dieu.
La comparaison s’enrichit d’un trait allégorique, l’image de la gigantesque ramure et des oiseaux du ciel qui viennent nicher sous ombre. Ces allusions à Ézéchiel et Daniel (cf. première lecture) précisent ceci : Cette merveilleuse croissance s’opérera avec l’entrée des nations païennes dans l’Église, grâce à la mission chrétienne universelle.
Les paraboles veulent faire comprendre le règne de Dieu et la mission de son Envoyé.Mais la conclusion de Marc est un double constat. D’une part, deux camps se dessinent : les foules juives en général, et les disciples. Les premières ont une compréhension limitée du message de Jésus. Les seconds bénéficient d’une lumière particulière. D’autre part, les paraboles apportent une découverte à demi-mot : “Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende!” (4, 9). En fait, le règne de Dieu ne se révèle pleinement qu’à travers la passion et la résurrection de Jésus. Et cette révélation appartient à ceux qui acceptent de suivre ce chemin d’épreuves.
Qu’un rameau transplanté devienne un grand arbre, cela s’est déjà vu. De même, Dieu peut-il replanter son peuple déporté? C’est le pari de la foi, proposé par le prophète à ses frères découragés dans cette 1ere lecture lue le 11e dimanche du temps ordinaire B (13 juin 2021).
Ézéchiel, prêtre et prophète, a fait partie des déportés de 597. Parmi eux, Nabuchodonosor a emmené à Babylone le jeune Yoyaqîn, qui n’aura régné qu’un trimestre à Jérusalem. En fait, le souverain captif est fort bien traité à la cour du conquérant. Ce dernier a installé Sédécias, oncle de Yoyakîn, comme roi de Judée à sa botte. Mais ce remplaçant se laisse entraîner, en 594, dans une coalition anti-babylonienne.
Ézéchiel (17, 1), réagissant contre la politique de Sédécias, s’exprime “en parabole”. Le grand cèdre est la dynastie royale de Jérusalem. L’arbre élevé que Dieu renversera est Sédécias. Le jeune rameau est le nouveau roi que Dieu choisira, peut-être Yoyakîn rétabli dans sa fonction (ce qui n’arrivera pas). En tout cas, la royauté restaurée sera fructueuse. Elle aura un rayonnement universel car les passereaux et les oiseaux, littéralement “de toute aile”, désignent les nations païennes, comme en Daniel 4, 7-14 qui s’inspire d’Ézéchiel. “Les arbres des champs” sont les rois païens.
Dieu conduit l’histoire à sa façon, comme le redira le Cantique de Marie (Luc 1, 52). Le vrai roi dont rêvait Ézéchiel sera le Christ, et les “oiseaux du ciel” seront les païens qui se réfugieront à l’ombre du règne de Dieu (évangile).
Dans sa mission difficile, même saint Paul se sent mal dans sa peau, à côté de ses souliers - “en exil”, dit-il. Le tout est de faire confiance au Christ. C’est que fait découvrir ce passage de la seconde lettre aux Corinthiens lue le 11e dimanche du temps ordinaire, année B (13 juin 2021).
Paul continue de proclamer son espérance, en l’assortissant d’un appel à la responsabilité. Son raisonnement s’organise ainsi : Comme le disent certains Corinthiens, la condition terrestre semble un “exil loin du Seigneur”. Mais ce constat ne saurait engendrer un pessimisme stérile. Il doit au contraire nous mettre en chemin “dans la foi” pour rejoindre notre vraie patrie. Et cette route a un objectif clair : “plaire au Seigneur”, en faisant le bien. Car si “nous cheminons sans voir”, le Christ, lui, nous voit. Et notre arrivée “chez le Seigneur” sera d’abord une mise “à découvert”, un bilan de notre parcours.
Certes, Paul interpelle ici des Grecs de Corinthe qui méprisaient la vie corporelle et ne concevaient l’union à Dieu que par l’extase hors de ce corps. Mais il songe encore à ses concurrents missionnaires qui mettent en doute son titre d’apôtre. Il leur fixe rendez-vous “devant le tribunal du Christ”.
C’est le Christ qui choisit et envoie les apôtres. C’est donc lui qui jugera ce que chacun a fait de la mission reçue. En 1 Corinthiens 3, 5-15, Paul développait davantage cette idée. Or lui-même et ses coéquipiers pourront comparaître sans crainte: N’ont-ils pas fait des chrétiens de Corinthe une page vivante de l’Évangile (lire 2 Corinthiens 3, 1-3)?
Voici quelques piste pour bâtir votre homélie sur l’Évangile proclamé ce 11e dimanche du temps ordinaire B, le 13 juin 2021.
Voici trois pistes possibles :
S’il est vrai qu’avec toi le Règne de Dieu s’est approché des hommes, comment se fait-il que la puissance du Seigneur ne se manifeste pas plus, pouvait-on dire à Jésus au cours de son activité publique. Ce reproche fait à Jésus est toujours valable pour l’Église aujourd’hui: votre Dieu est bien inactif devant les injustices du monde, la dureté du cœur des hommes et la souffrance de tant d’hommes et de femmes.
Le Règne de Dieu, répond Jésus, est comparable à l’activité du paysan ; il est actif au départ, en tant que semeur, et à l’arrivée, comme moissonneur de la récolte. Entre temps il est inactif, c’est à la terre de travailler, c’est-à-dire aux hommes.
En effet, si le semeur-moissonneur représente Jésus lors de son activité terrestre et lors de sa venue pour la moisson de la fin des temps, la durée de son inactivité est celle de l’histoire humaine. Il peut sembler aux hommes que Dieu est inactif puisqu’il n’intervient pas avec puissance. Pourtant la semence de la Bonne Nouvelle lancée par son Fils et confiée à son Église fait son chemin dans le monde et dans les cœurs.
L’inactivité de Dieu est le temps de la confiance faite aux hommes. Loin de les décourager, elle doit les inciter à prendre la place active que réclame leur Seigneur.
Cette parabole oppose le commencement à la fin. Au début la graine est “la plus petite de toutes les semences du monde”; à la fin elle est devenue la plus grande des plantes potagères où viennent se nicher tous les oiseaux du ciel.
Ici encore la petitesse des commencements avec Jésus ne doit pas faire désespérer du résultat final ; la Bonne Nouvelle jetée en terre de Palestine, verra, au cours de l’histoire, tous les peuples atteints par l’Évangile. Car les oiseaux du ciel figurent les peuples de la terre, comme chez Ézéchiel.
Leçons de confiance active! Le Règne de Dieu vient irrésistiblement, mais pas sans le concours des hommes qui ont à prier et à travailler pour que “ton Règne vienne”. Mais cette activité ne peut se muer en impatience: le temps de la maturation est nécessaire, et Dieu seul sait l’heure de la moisson.
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