15 Octobre 2021
La soif de pouvoir et la tentation de le faire sentir plus ou moins arbitrairement ne sont pas illusoires dans les entreprises, les familles, les associations et même dans les églises! Les apôtres eux-mêmes se disputaient les premières places dans le Royaume... Qu'est-ce que Jésus veut dire quand il demande : «Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi» ?
Ne caricaturons pas Jésus en anarchiste contestant toute forme d'autorité... L'Évangile note à plusieurs reprises qu'il enseignait et agissait «avec autorité». Durant la Passion, il a fait preuve d'une maîtrise et d'une liberté qui ont étonné Pilate, habitué sans doute à la servilité de ses subalternes.
Mais «venu non pour être servi, mais pour servir», «le Maître et le Seigneur» a lavé les pieds de ses disciples durant la dernière Cène, se comportant comme «l'esclave de tous».
Une responsabilité humaine assumée dans l'esprit chrétien n'est pas, ne doit pas être, une situation de domination ou une recherche d'intérêt personnel au détriment du bien commun. C'est une mission de service... Parmi nous, en Église, les pouvoirs ne peuvent être que des ministères.
« Autorité » vient d'un mot latin auctoritas dont la racine signifie « augmenter », « faire croître ».
Exercer l'autorité a pour mission d'aider les personnes dont on est chargé à grandir et à développer leurs propres capacités. Le vrai chef promeut et met en valeur ceux et celles aux quels il commande.
Les meilleurs responsables, qu'ils soient patrons, conseillers, parents ou éducateurs et ministres en Église, ne sont- ils pas ceux qui savent faire participer et progresser les jeunes, les hommes et les femmes qu'ils dirigent et accompagnent ?
«Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi,mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude», comme le Serviteur de Dieu dont parle Isaïe.
Diriger avec un réel esprit de service exige indéniablement plus de compétence, plus de temps, plus d'attention et plus d'oubli de soi. Le message de ce dimanche est une bonne nouvelle. Il représente un réel espoir pour le monde où pullulent les abus de pouvoir. Jésus nous trace ici un chemin pour de nouvelles relations humaines. Les chrétiens, en les mettant en œuvre parmi eux, témoignent qu'elles sont possibles et libératrices. Servir rend heureux.
Chaque Eucharistie, où le Christ se donne, nous rappelle sa manière originale d'occuper la première place.
Le prophète Isaïe avait annoncé un envoyé qui se conduirait comme le Serviteur de la Paix de Dieu.
Après l'installation du Peuple hébreu en Terre promise, divers chefs ont conduit le peuple :des juges, puis des rois. Mais ils n'ont réalisé que partiellement ce que Dieu attendait d'eux pour son peuple. Même David avait déçu. Ces chefs se sont montrés trop souvent violents et profiteurs.
Aussi, par son prophète Isaïe, Dieu annonça-t-il un nouvel envoyé, au comportement tout différent, fidèle à !'Esprit de Dieu, soucieux de justice, se gardant de toute violence, préférant au contraire subir lui-même l'injustice et la violence plutôt que de les imposer aux autres. Son titre : Serviteur de Dieu. Jésus a pleinement réalisé cette vocation, comme nous le rappellent chaque année les lectures du temps de la Passion et l'évangile de ce dimanche.
Nous pouvons approcher de Dieu en toute confiance, parce que Jésus nous a introduits auprès de lui.
Les grandioses installations du temple de Jérusalem, avec ses grands prêtres et son système de sacrifices, avaient pour fonction de réaliser la réconciliation de Dieu avec son Peuple. Mais tout cela a été détruit par l'occupant romain une quarantaine d'années après la Pâque de Jésus. Fallait-il regretter la fin de ce système ?
L'Apôtre rassurait ses contemporains et par là même il nous livre un message fondamental: par sa Passion-Résurrection, Jésus a remplacé toutes ces institutions et y a mis fin, car, Fils de Dieu, il a un accès direct auprès du Père. Il est donc un réconciliateur bien plus capable que les grands prêtres d'autre fois. C'est en cela qu'il s'est manifesté pleinement comme le Serviteur de Dieu.
Beaucoup de gens, même parmi les disciples, attendaient de Jésus qu'il se conduise en messie guerrier. Mais il avait un autre idéal.
Pour la mission de Jésus, les deux 9pôtres Jacques et Jean avaient sans doute fixé un programme comparable à celui des rois d'autrefois, à la tête d'une armée forcément victorieuse, et ils imaginaient déjà les triomphes et la gloire. Pour cet avenir-là, ils voulaient être bien placés. Ce fut l'occasion, pour Jésus, de révéler sa mission de Serviteur de Dieu (première lecture), venu pour servir, non pour être servi, et d'annoncer ce qu'il appelait son baptême : mort et résurrection.
Comme chrétiens, nous avons déjà pris la même route, à sa suite, puisque notre baptême nous a plongés dans sa mort et sa résurrection (Rm 6,1-11). Si nous pouvons célébrer l'eucharistie du dimanche, nous avons aussi part à sa coupe. Nous voilà donc intimement associés et même incorporés à lui. Quant aux premières places dans son royaume, elles ne manquent pas dans nos églises, pour satisfaire toute de mande semblable à celle de Jacques et Jean.
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