6 Décembre 2021
L’Avent nous redit le début décisif de cette Alliance nouvelle par laquelle Dieu, en son Fils, offre à tout homme la plénitude du salut.
L’énumération est solennelle. Tous les grands responsables sont en scène : le pouvoir central, avec l’empereur Tibère et son préfet Ponce-Pilate, le pouvoir local, avec Hérode, Philippe et Lysanias, le pouvoir religieux, avec les grands prêtres Anne et Caïphe.
En face d’eux, un homme à demi-nu, aux mains nues, sans aucun pouvoir humain. Un homme qui sera le jouet du pouvoir, Jean, fils de Zacharie. Trois ans plus tard, en face de ces mêmes puissants, un autre homme, tout nu celui-là, aux mains transpercées par des clous, broyé, anéanti par le pouvoir, Jésus, fils de Marie.
Que reste-t-il des puissants d’alors ? Rien, sinon des ruines, rien sinon le souvenir de leurs noms, et encore, pas à cause d’eux, mais à cause de Jean et de Jésus, qui ont croisé leur chemin.
En face, Jean. Mort, lui aussi ! Mais, un jour, la Parole de Dieu lui fut adressée, dans le désert. Et Jean est devenue la voix qui portait la Parole : «Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.» Cette voix retentit encore à nos oreilles : ce n’est plus dans les déserts de sable, mais dans le désert de nos cœurs, trop souvent désertés par l’espérance, par la joie, par l’amour. Il y a toujours entre les hommes des passages tortueux qui rendent si difficile la communion, des montagnes trop hautes qui empêchent de nous voir, des ravins trop profonds qui empêchent la réconciliation et la paix.
La voix de Jean retentit encore à nos oreilles pour que la Parole qu’elle portait puisse toujours pénétrer dans nos cœurs. Jean a disparu, mais la Parole, éternelle, faite chair, est toujours là, parce que Jésus est ressuscité, vivant à jamais. Sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir, ni aucun autre pouvoir, politique, militaire, économique et même religieux ! Cette Parole se donne à nous, aujourd’hui. Lorsque nous laissons la Parole éclairer notre route, lorsque nous mangeons le Pain de la Vie, – les deux « tables » de la liturgie eucharistique – c’est Jésus vivant qui vient rendre droits nos sentiers, combler nos ravins intérieurs. Alors, à notre tour, nous devenons des porte-Parole.
En nous voyant, les hommes peuvent pressentir, au moins, le salut de Dieu.
1ère lecture : Ba 5,1-9
Le prophète s'adresse à des déportés. Il annonce le retour voulu par Dieu. Il invite la ville de Jérusalem, encore en ruines, à se redresser pour accueillir le retour de ses habitants.
Cette proclamation nous fait entendre un des nombreux chants de consolation adressés à Jérusalem, au temps des grandes épreuves et de l'exil à Babylone. Le peuple avait été déporté, il était parti honteusement, ruiné, à pied, en de longues colonnes de déportés. Mais le prophète rappelle à Jérusalem l'expérience fondamentale, dont le souvenir avait été embelli de génération en génération, à savoir que Dieu avait libéré son peuple une première fois, au temps de l'esclavage en Égypte, et qu'il l'avait fait entrer en triomphe dans la Terre Promise.
Puisque Dieu est d'une fidélité sans faille, que Jérusalem quitte donc sa robe de tristesse et prépare le retour de ses enfants, jusqu'à niveler la route, pour faciliter et hâter leur marche, en un nouvel Exode.
2e lecture : Ph 1,4...11
L'avenir nous appartient, dit l'apôtre; c'est un avenir prometteur, une marche en avant, à la rencontre du Christ. Pour cette marche, nos pas sont assurés, car Dieu est à nos côtés.
Cet extrait est tiré des salutations initiales de la lettre aux Philippiens. Selon la coutume, l'Apôtre s'adresse à ses destinataires en faisant l'éloge de leur foi et en formulant des bénédictions et des supplications à leur sujet. Dans ce contexte, il évoque deux fois le jour du Christ Jésus et explique ce qu'il faut entendre par là. Ce sera le jour du retour, où le Christ reviendra. Mais ce jour n'est pas à compter comme les autres, avec un matin et un soir, au contraire ce sera le jour sans fin, comme le chante la louange du cierge dans la vigile pascale: le Christ lui-même est le Jour sans déclin, qui ne connaît pas de couchant. L'Apôtre en tire les conclusions: puisque le jour du Christ est à venir, il faut marcher vers lui. Nous sommes dans les temps intermédiaires, le temps de la croissance, où Dieu poursuit son travail jusqu'à son achèvement. Aux fidèles de correspondre à cette croissance, en marchant sans trébucher, en progressant dans la connaissance et le discernement.
Evangile : Luc 3,1-6
Jean Baptiste nous convoque, il nous montre le chemin qui s'ouvre devant nous. C'est le chemin déjà annoncé dans la première lecture; à présent, il nous conduit vers la nouvelle Jérusalem, à la rencontre du Christ.
Les contes et les légendes commencent par une formule intemporelle, "Il était une fois", qui situe l'histoire dans un espace et à une époque indéfinis. L'évangile, au contraire, commence par un maximum de précisions de temps et de lieu. Dans une culture qui ignorait, évidemment, notre façon de compter les années, les références chronologiques étaient fournies par le règne des souverains, de l'empereur romain jusqu'aux petits chefs locaux.
L'Évangile étant une prédication, c'est par la proclamation du Règne de Dieu par Jean-Baptiste et par Jésus qu'il commence. Les récits de nativité y seront ajoutés, mais comme des compléments. La première annonce, par Jean-Baptiste, est celle de la route à niveler, pour l'Exode définitif.
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