1 Avril 2022
Spontanément, nous pensons comme les pharisiens : ceux qui enfreignent la loi méritent d’être condamnés et châtiés… Du point de vue de la Loi juive, la condamnation d’une femme prise en flagrant délit d’adultère paraissait normale. Mais écoutons plutôt ce que dit et fait Jésus !
Un silence qui nous surprend
Jésus, ce jour-là, ne dit rien. Jésus se tait comme nous avons l’impression que parfois Dieu se tait, et nous lui reprochons volontiers son silence. Mais quand Dieu paraît au tribunal des hommes, ce n’est pas dans le rôle du procureur implacable, mais dans celui d’avocat de la défense.
«Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver.» Nous, nous éprouvons la secrète démangeaison de dire du mal des autres, de trouver matière à les critiquer et à les condamner, avec un malin plaisir, c’est-à-dire un plaisir digne du Malin ! Jésus traçait des traits sur le sol. Écrivait-il des mots ou délimitait-il symboliquement un espace de pardon ?
Une parole qui nous renvoie à nous-mêmes
Sur l’insistance des accusateurs, la réponse vient, étonnante, imprévue. Elle vise les procureurs et non l’inculpée. La balle est renvoyée dans leur camp : «Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre!»
Un maître spirituel disait : «Le pécheur et le saint ne sont pas loin l’un de l’autre ; une pelure d’oignon les sépare.» Nous voyons le mal d’autrui, car il est bien connu que le sac à malices des autres est sur notre poitrine et le nôtre sur notre dos ! Jésus nous renvoie à nous-mêmes. En jugeant sévèrement les autres, nous nous jugeons pareillement nous-mêmes.
Un don de vie
Les exécuteurs de la Loi s’en sont allés. Les pierres, qu’ils tenaient déjà entre leurs mains, jonchent le sol, inertes. Les dernières paroles de Jésus sont pour la femme : «Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus!» Jésus donne la vie à cette femme. Il donne sa vie, lui qui est déjà condamné et va mourir pour les pécheurs.
C’est comme s’il échangeait sa vie contre celle de cette femme pécheresse. Il la fait entrer dans sa résurrection, l’associant à sa Pâque toute proche. Elle est née de nouveau ce jour-là.
Le Christ nous appelle à revivre pendant ce Carême et à faire revivre les autres par le pardon et la confiance.
1ere lecture Is 43,16-21
Aller de l’avant. Tel est l’appel du Seigneur en ce temps de Carême, telle est la consigne que nous rappelle le prophète Isaïe.
Pour les exilés, loin de chez eux, le retour au pays sera long et pénible avec tous les obstacles naturels, les attaques des bêtes sauvages et le passage obligé par des pays dangereux !
Le prophète les rassure au nom de sa foi. Dieu a libéré merveilleusement son peuple opprimé en Égypte, il est bien capable de tracer dans le désert une route directe, rapide, agréable et sécurisée !
«Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer…» Cette parole de Dieu est peut-être la plus surprenante de tout l’Ancien Testament : «Ne faites plus mémoire des évènements du passé ». Ne plus se souvenir alors que sans cesse Israël est appelé à se souvenir ! « Ne songez plus aux choses d’autrefois… Voici que je fais une chose nouvelle.» L’avenir est au présent. Cette nouveauté advient aujourd’hui.
2e lecture Ph 3, 8-14
Être saisi par le Christ : telle est la chance de saint Paul, et notre chance aussi, depuis notre baptême. Essayons d’en vivre vraiment !
Maintenant la seule richesse de Paul est «La connaissance du Christ Jésus» son Seigneur. On pourra repérer le nombre de fois où Paul aime écrire et réécrire le nom même du Christ Jésus tellement est fort son amour et sa foi pour son Seigneur. «J’ai été saisi par le Christ Jésus». Paul sait pourtant qu’il n’est pas encore arrivé. Il lui faut encore avancer vers Jésus.
Que l’Église poursuive sa course, «oubliant ce qui est derrière elle, et lancée vers l’avant». Oui, que le don merveilleux de la tradition ne devienne pas pour elle une entrave ; qu’elle sache ne pas se souvenir avec nostalgie — pour justement davantage aller de l’avant. Que notre Église nous dise plus souvent : «Je fais du nouveau ! Ne le voyez-vous pas?»
Ne pas regarder en arrière, et croire que l’avenir est possible. C’est ce qu’offre Jésus à « la femme adultère », et qu’il attend de nous pareillement.
Derrière le procès de la femme adultère, se cache un autre procès, celui de Jésus, qui est le seul qui intéresse les accusateurs de la femme.
Les procès de la femme et de Jésus sont annulés, mais les accusateurs vont se mettre eux-mêmes en procès face à la loi de Moïse. Ils reconnaissent leur culpabilité en quittant la scène. Jésus prononce une sentence de miséricorde de sa propre autorité.
La nouveauté du Christ…
La nouveauté de sa miséricorde qui crée un cœur nouveau dans la « femme adultère » — que nous continuons de désigner par son péché, parce que la nouveauté de la vie s’y manifeste. Le Christ « identifié au péché » s’est identifié aussi à son péché pour l’identifier à ce qu’elle est : une fille de Dieu.
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