27 Mai 2022
Commentaires lectures du 29 mai 2022
1. 1ère lecture : Actes 7,55-60
Dans la 1ère lecture de ce 7e dimanche de Pâques, Étienne voit le Ressuscité debout à la droite de Dieu, dans son martyre. Au témoin de la foi est promise une vie de bonheur sans fin.
Étienne est condamné à mort pour avoir témoigné de sa foi en Jésus. Il meurt plein de confiance et en pardonnant, comme Jésus qu’il voit dans sa gloire.
Fort de la puissance et de la sagesse de l’Esprit Saint, Étienne réussit trop bien dans l’annonce de l’Évangile de Jésus. Il est arrêté à l’improviste et conduit devant le sanhédrin. Sa passion ressemble de façon étonnante à celle de Jésus. Des faux témoins l’accusent, comme ils avaient accusé le Maître. Ses dernières paroles sont les mêmes que celles de Jésus en croix (cf. Luc 23,34-46).
Visiblement Luc, qui est aussi l’auteur des Actes, veut souligner le fait que le disciple partage le sort du Maître et s’inspire de lui. Mais Étienne n’est pas jugé légalement. Sa mort par lapidation est celle des blasphémateurs livrés à la fureur du peuple et au lynchage. Saul est là, et approuve le meurtre, mais il est trop jeune pour avoir le droit de lapider. Surtout, Étienne est soutenu par Jésus, dont il lui est donné de voir la gloire dans le ciel.
2. Psaume 96
Avec ceux qui savent voir la gloire de Dieu même dans les épreuves, chantons le Seigneur Jésus, devenu par l’ascension roi de l’univers.
R/ Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre !
Le Seigneur est roi ! Exulte la terre !
Joie pour les îles sans nombre !
justice et droit sont l’appui de son trône.
Les cieux ont proclamé sa justice,
et tous les peuples ont vu sa gloire.
À genoux devant lui, tous les dieux !
Tu es, Seigneur, le Très-Haut
sur toute la terre :
tu domines de haut tous les dieux.
3. 2e lecture : Apocalypse 22,12-14.16-17.20
Le vrai réconfort des Églises en difficulté est la certitude que Jésus est à jamais vivant, « étoile resplendissante du matin ». Et il vient sans tarder, nous le savons et nous le lui demandons.
Le dernier chapitre de l’Apocalypse reprend les déclarations du premier. Dieu se révèle (le mot Apocalypse veut dire révélation) comme un Dieu qui vient et qui parle parce qu’il est vivant.
Jésus s’adresse à Jean, mais à l’intention de tous les chrétiens qui souffrent de la persécution pour leur foi. Il envoie son ange, dit le texte, c’est-à-dire son messager. Il vient faire justice aux martyrs qui « lavent leurs vêtements », autrement dit à ceux qui donnent leur vie pour lui (cf. 7,14) et, comme lui, ceux-là ont droit « aux fruits de l’arbre de vie » qu’est la croix et ils demeurent dans la cité des élus, le ciel.
Jésus est dit fils de David, donc roi Messie, et lumière fiable puisqu’il est « l’étoile resplendissante du matin ». Comment ne pas souhaiter qu’il vienne ? C’est la grande prière de l’Épouse qu’est l’Église, inspirée par l’Esprit.
4. Évangile : Jean 17,20-26
Dans l’Évangile de Jean, Jésus prie longuement son Père après le dernier entretien avec ses disciples et avant son arrestation. Ses paroles ont alors valeur de dernière volonté ; il est d’ailleurs à noter qu’il dit “je veux” en s’adressant au Père. Et les disciples de toutes les générations, pas seulement les premiers lecteurs de Jean, doivent apprendre que le message est aussi pour eux. Ce que Jésus veut, c’est l’unité des siens. Le modèle proposé est inouï : c’est l’unité même qui lie Jésus et son Père. Davantage encore, c’est dans cette unité que les chrétiens trouvent la leur. D’où le fait que l’unité des chrétiens dit qui est Jésus.
La source d’une telle unité parfaite est en Dieu. Les chrétiens sont “un” parce qu’ils sont unis à Jésus qui est “un” avec le Père. La clé de ce mystère humainement incompréhensible est à chercher dans l’amour divin. A la fois l’amour dont le Père aime le Fils et l’amour dont le Père aime les disciples du Fils. L’amour dont le Père les comble rassemble les chrétiens et fonde l’amour qu’ils ont entre eux.
Les phrases de Jean sont un peu compliquées. Nous pouvons tout de même en retenir que connaître Dieu c’est vivre de son amour. Son nom, c’est-à-dire son être, c’est l’amour. Sa gloire, ce qui justifie son importance, c’est d’aimer. Jésus a montré cet amour dans tout son être et dans toute sa vie : c’est ainsi qu’il a fait connaître son Père. Il ne veut rien d’autre pour les siens. Qu’ils soient “un” parle de lui et du Père.
5. Expliquez-moi : témoins, témoignage
Être un témoin, porter témoignage, c’est affirmer que ce que l'on a vu, entendu ou ce que l'on connaît est une révélation ou inspiration divine.
C’est le propre des témoins que d’attester devant des hommes de ce que ceux-ci n’ont pas vu et entendu en direct. L’Ancien Testament parle déjà de témoignage de la Foi par des signes extérieurs, et aussi par la parole, par la vie et par la communauté.
Jésus est par excellence le témoin du Père. Ses disciples témoignent de sa Résurrection en parlant, en vivant, parfois en mourant. Le mot martyr veut dire « témoin ». L’Esprit Saint est donné à ceux qui ont à témoigner de Jésus dans l’éternel procès entre la foi et le monde.
Voici quelques piste de réflexion pour un partage de l'Évangile de Jean 17,20-26 .
a) Dans l’histoire des hommes, rien n’est sans doute plus constant ni plus difficile que la recherche de l’entente et de la concorde. De cette quête inlassable, un long cortège de dissensions et d’affrontements n’est que l’envers, monotone et lassant : guerres entre les nations, conflits au sein d’un même peuple, dans la vie sociale et politique, entre les groupes et les individus. Pourquoi les difficultés de la tâche nous paraissent-elles aujourd’hui plus insurmontables que jamais ?
On a le sentiment paradoxal que l’émergence d’une conscience planétaire se solde, au moins dans la phase présente, par une parcellisation accrue des groupes humains et une exaspération des particularismes les plus divers. A côté de ses effets négatifs, cette évolution peut faire progresser la cause de l’autonomie et de la démocratie ; elle souligne en tout cas l’urgence d’une nouvelle réflexion sur la nature et les conditions de l'“unité” que bien des hommes s’emploient à promouvoir.
b) La prière de Jésus au chapitre 17 de l’évangile de Jean a un double objet : l’unité de ceux qui se réclament de lui et la crédibilité de son œuvre à lui aux yeux du monde, la première conditionnant la seconde : “Que tous soient un, afin que le monde croie que tu m’as envoyé”. Or c’est la communion du Père et du Fils qui constitue la source et le modèle de l’unité à réaliser entre les hommes.
c) Communion qui n’est pas fusion, mais accueil inconditionnel de l’autre dans sa différence. Pour notre temps, cela signifie par exemple que la réconciliation des chrétiens représente une composante de la construction de la paix à travers le monde, comme en témoignent paradoxalement les troubles en Irlande du Nord ou le contentieux catholique/orthodoxe en Europe orientale. Avons-nous pris toute la mesure d’un tel enjeu ? Œuvrer pour l’unité, c’est renoncer au fantasme de son autosuffisance ; c’est congédier son narcissisme pour apprendre l’art difficile de la négociation et du dialogue.
d) Selon la première lecture, Étienne est mort parce que les dirigeants de la synagogue refusaient d’intégrer sa différence dans une conception plus ouverte de l’unité. Habité par l’Esprit Saint, il voit les cieux ouverts, symbole de l’unité plurielle et accueillante que Dieu, en son Fils, propose à tous les hommes de bonne volonté.
Voir le profil de Paroisse St-Jean-Baptiste d'Arcangues sur le portail Overblog