C'est l'été: Denak Argian le N° 109 est arrivé: alors plantons avec joie dans le présent ce qui colorera notre avenir !

«Ça change tout le temps. » Voilà une expression que vous et moi utilisons avec des accents différents, selon que le changement nous plaît ou bien nous ennuie. On aime le changement qui améliore le quotidien et rend la vie plus facile. On aime moins le changement qui nous oblige à faire des efforts ou nous prive des habitudes. Bref, nous changeons nous-mêmes d’opinion selon nos sentiments. Changer de lieu de vacances pour découvrir de la nouveauté, c’est risquer la perte d’acquis sur lesquels (se) reposer et, en même temps, combien de nouveau- tés constatées là où je vais tout le temps ! Difficile de s’y retrouver. Surtout si vous prenez pour exemple la météo qui change quatre fois par jour sur la Côte basque…

Quel statut donner alors à ce qui change ? Quelle valeur lui accorder ? Notre culture est en complexe mutation, notre communication va en constante augmentation, nos valeurs affrontent la transformation et finalement font avec elle, nos convictions se laissent toucher par la remise en question, ainsi de suite pour tout ce qui semblait tellement installé il y a peu. Faut-il en prendre peur et hurler plus fort que la meute ? L’écrivain argentin Jorge-Luis Borges disait en parlant de Jésus :
« Le Verbe, quand il s’incarna, passa de l’ubiquité à l’espace, de l’éternité à l’histoire, de la félicité il- limitée au changement et à la mort ». Ainsi parrainé, le changement se vêt soudain de signification comme le nouveau baptisé de sa robe blanche : il dit la conversion du croyant, la metanoïa du philosophe, la vertu du changement. Car en somme, ce changement me révèle chaque jour ma nature profonde, dont le destin est précisément cette métamorphose qui se manifestera un jour : celui de ma mort. Alors, pour le croyant sonnera l’heure du face-à-face avec Jésus qui de Verbe s’est fait chair, pour que nous passions de chair à esprit. Changement garanti ! Pour le non-croyant… ce serait quelque chose que je ne peux me résoudre à imaginer…

«Ça change tout le temps. » ...

Je ne cache pas aux lecteurs que ce titre a fait réfléchir toute la rédaction de Denak Argian - Tous dans la lumière. Fallait-il le ponctuer en exclamation, en suspension ou d’une interrogation ? Finalement, nous avons tout pris, et chacun fera le tri, selon l’humeur ou le sujet. Nous ne fâchons ainsi personne, et ouvrons le champ des possibles dans bien des domaines : biblique avec l’insaisissable Jonas, culturel dans la librairie de la rue St-Jacques, traditionnel chez le boulanger de St-Pée / Nivelle, juridique avec les avocats, professionnels à travers une mutation, dans le domaine de la santé et des progrès médicaux, urbains avec les nouveaux aménagements luziens, par une nouvelle transmission des connaissances au collège… j’en passe et des meilleurs. Le changement fait partie de nos vies, il n’y a qu’à interroger notre miroir de salle de bains pour s’en convaincre ! Il peut agacer les uns, exciter les autres, laisser indifférent, c’est selon… Jésus l’évoque en filigrane dans l’image du grain de blé qui tombe en terre et se change en brin de blé…

Si le lecteur de ce numéro estival observe bien autour de lui - à l’église, dans les commerces, sur les réseaux sociaux, et même sur la plage - il se rendra compte que tout change en même temps que tout demeure. C’est un vrai mystère à contempler dans la confiance…
Et si, comme vous le lirez dans l’un des articles « Toutes les fleurs de l’avenir sont dans les semences d’aujourd’hui », alors plantons avec joie dans le présent ce qui colorera notre avenir !

Abbé Lionel Landart