30 Avril 2020
Comment pouvons-nous entendre cet Evangile dit du "Bon Pasteur" dans les temps que nous subissons?
Il est traditionnellement requis pour le dimanche de prières pour les vocations!
Pourtant sans en forcer le sens, il me semble que nous pouvons en retirer profit pour nous en
ce moment. Il est question de brebis gardées dans un enclos, à l'abris de menaces extérieures,
à savoir de voleurs éventuels qui, entrant par effraction, veulent prendre leurs vies.
Mais le vrai berger, lui entre par la porte. Il est connu de ses brebis: avec lui, elles n'ont rien à craindre...
« Intérieur/extérieur ; mort/vie ; faux/vrai pasteur ; mur escaladé/porte ; rester/sortir….
Dans le pays de Jésus, de traditions pastorales, ces images parlaient.
Il en est de même pour nous, ici !
Sans trop de peine, nous pouvons les traduire dans notre contexte.
Jésus se présente comme le bon berger, le vrai pasteur.
-D’abord, il connait ses brebis : Il les appelle chacun par son nom.
Pour les conduire, les faire sortir…
Il vient les guider, les accompagner, les protéger de tous dangers.
Pour Jésus, chacun est une personne unique, avec un nom, reconnue comme telle.
Il ne vient pas enrôler, faire masse anonyme, cherche à faire du nombre, à appâter une foule
par de fausses promesses..
En ce moment, il nous rejoint, chacun, dans sa vie, sa situation, ses difficultés, ses attentes..
Pour nous appeler, nous prendre en compte.. C’est ce qu’on appelle une vocation ! (vocare=appeler)
Il appelle chacun ( par son nom), c’est-à-dire de façon personnelle.
A quoi suis appelé (vocation !) dans ce temps, au sortir de ce temps, après ce que j’ai expérimenté, réfléchi, prié ? Ma connaissance de moi, de mes réactions, de ma relation de couple, des liens avec mon entourage, avec ma famille, avec mon travail…
Jésus continue d’appeler.
Comme un jour un tel a fondé une famille, tel autre a laissé tout pour le suivre, tel autre a emprunté un chemin inattendu… Chacun à sa manière est appelé par le Christ qui veut nous proposer un vrai bonheur ! Une vie !
Pas confinée !
Chacun entend sa voix à sa façon et marche à son rythme.
Il fait entendre sa voix qui ne s’impose pas par la force.
Elle se dévoile murmure, ou retentit fortement, elle éclaire, s’affine, se précise.
Un jour elle devient irrésistible…
Elle est cette voix de l’Evangile, reconnaissable entre toutes, qui a bouleversé ses contemporains.
A tel point qu’ils disaient : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme ».
Laissons-nous toucher nous aussi, surtout en ce moment !
-Les brebis reconnaissent sa voix
Comment reconnaître cette voix au milieu de tant d’autres ?
Aujourd’hui saturés de voix d’experts, d’analystes, de spécialistes, de « sachants »….
Comment discerner ce qui nous concerne, ce qui nous convient, ce qui est pour notre bien ?
Au milieu de tant de conseils, de propositions, de suggestions, de solutions, de précautions ?
Comment entendre et reconnaître la voix de Jésus ?
La voix de Jésus ne tombe jamais dans le simplisme, la réduction, le dérisoire,
Elle ne vient pas pour susciter la peur, la débandade, la culpabilisation, l’illusion….
Elle est une voix qui ouvre, éclaire, rassemble, réconforte, stimule, donne confiance..
Elle n’est pas pour infantiliser, déresponsabiliser, démotiver.
La foi chrétienne n’est pas seulement le recours à une pratique cultuelle, religieuse, uniquement sacramentelle, même si cela se traduit aussi par des gestes et des rassemblements, des rites..
Mais la foi se nourrit de la connaissance de l’Evangile, de la Parole et de la vie de Jésus.
-« Je suis la porte »
Au début, le bon berger passe par la porte (ce qui le différencie des mauvais bergers).
Puis Jésus s’identifie à la porte. « Je suis la porte ».
Mais pas la porte qui ferme, enferme.
Avec lui, l’enclos n’est pas une fin. Il faut en sortir.
Il est la porte qui permet de trouver la vie, d’y accéder.
Pour les chrétiens, c’est Jésus qui est le passage unique pour accéder au monde neuf de Dieu.
Premier-né d’entre les morts, il est le seul à pouvoir nous faire passer dans la vie même de Dieu.
« Je suis la Résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » !
Avec Jésus vient le temps du Messie qui donne sa vie pour la multitude..
« Je suis venu pour qu’ils aient la vie ».
Pour cela, il nous appelle à sortir (nous n’attendons que cela !)
Mais sortir de notre » entre soi », de nos clubs restreints, pour être plus ouverts, regarder différemment…toutes ses vies « invisibles » à côtés desquelles nous sommes passés, trop pressés.. Ces réalités négligées et pourtant indispensables à nos existences.
Suivre Jésus qui nous fait sortir de nos enclos, l’enclos de nous-mêmes.
Comme Moïse fait sortir son peuple d’Egypte, la terre de son esclavage.
Jésus est le nouveau Moïse qui vient libérer le peuple de Dieu, de sa vie d’avant.
-Bonne nouvelle pour aujourd’hui !
Après tant de mauvaises !
L’apôtre, Pierre (première lecture Actes) , annonce, le jour de Pentecôte, que Jésus, le crucifié, est vivant. Enthousiasmée, la foule l’interroge : « Que devons-nous faire ? »
En ce temps de crise, nous sommes au défi de choisir le bon comportement, la meilleure façon d’être.
Nous réapprenons à vivre en frères, plus soucieux les uns des autres, comme le Christ, avec l’aide de l’Esprit saint, sensibles aux plus fragiles, prêts à nous engager avec toutes nos forces pour être au monde avec Dieu, comme le Christ.
Si ce temps qui vient pouvait ouvrir du nouveau dans nos univers respectifs, notre monde, nos communautés, notre Eglise…
Sans vouloir être pédant, on peut se rappeler et s’appliquer les trois questions fondamentale du philosophe Kant :
« Que m’est-il permis de connaître ? » c’est-à-dire : après ce qu’il nous est arrivé, ce que j’ai vécu, que puis-je savoir de moi, de mes réactions, de mes limites, de mes ressources insoupçonnées, de mes attentes ? Mais aussi des autres, du monde dans lequel je vis ?
« -Que dois-je faire ? » Ceux qui posent la question à Pierre sentent qu’il faut « bouger ».
Que cela ne pourra pas être comme avant. Ou alors nous n’aurions rien compris ni rien oublié.
-« Que m’est-il permis d’espérer ? »
« Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie et la vie en abondance »
C’était bien le dimanche de prières pour les vocations, en temps encore de confinement !
Mais nous en sortirons. C’est promis !
Père Dominique SENTUCQ
Edito Dimanche 3 mai 2010
4è dimanche de Pâques
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