« PREFERER DIEU A TOUT »

La finale du chapitre 10 de l'évangile selon saint Mathieu, communément intitulé « Discours apostolique » ou « Discours de mission », s'adresse d'abord aux envoyés du Seigneur mais, au-delà, à tous les disciples. « Ne préférer absolument rien ni personne au Christ, pas même son père ou sa mère, son fils, ou sa fille. » Pour répondre à l'appel du Seigneur et au cours de leur mission, les envoyés pourront être amenés à des arrachements auxquels personne ne se résout sans un violent débat intérieur : Dieu demande-t-il vraiment d'aller jusque là, exige-t-il de tels sacrifices ? Souvent, ils auront aussi à affronter ceux qui les inciteront à se montrer raisonnables. Mais il arrive fréquemment que la foi place les simples disciples eux-mêmes devant des choix héroïques, et plus communément qu'elle exige toute une vie de renoncements quotidiens.

L’Évangile n'enseigne certes pas que les chrétiens doivent toujours choisir ce qui contrarie les aspirations et les sentiments les plus ancrés dans la nature humaine. Mais, depuis le baptême, participation à la pâques de mort-résurrection du Christ, l'existence chrétienne est marquée du signe indéfectible de la croix. Chacun doit «  prendre sa croix » . C'est là une manière imagée de parler : il ne s'agit pas de se charger de la croix du Christ comme Simon de Cyrène. Mais l'expression a aussi un sens très réaliste : les options qu'impose la foi peuvent s’avérer vraiment crucifiantes. Tout sacrifier, jusqu'à sa propre vie : ce que Jésus demande à ceux qu'il envoie correspond à ce qu'il a fait lui-même pour accomplir sa mission. Quiconque leur portera secours quand ils seront pourchassés à cause de leur ministère, ou lorsqu'ils seront dans le besoin, recevra une récompense identique à la leur.Bien plus : la moindre assistance prêtée au plus petit des disciples est également assurée de se voir prise en compte au jour du jugement.

Abbe Gilles Beranger MABOUNDA

EDITO DU 13 EME DIM ORD A